Le film “Une histoire d’amour et de désir” ou “Majnoun Farah”, (مجنون فرح) deuxième opus de la réalisatrice tunisienne Leyla Bouzid après “A peine J’ouvre les Yeux” débarque dans les salles de cinéma de Tunisie.
Après la jeune Farah adolescente et rebelle au temps d’une révolution historique et personnelle, Leyla Bouzid propose aux cinéphiles de découvrir une autre Farah, émancipée, espiègle et plus mûre. Mais c’est plutôt le vécu et le regard de Ahmed, jeune algérien âgé de 18 ans, fils de banlieue, qu’on est invité à suivre.
Farah est une jeune étudiante tunisienne qui poursuit ses études en France et découvre pour la première fois Paris. Ahmed n’a jamais quitté sa banlieue parisienne et ne parle pas la langue arabe. Les deux jeunes se retrouvent dans un cours commun à La Sorbonne dédié à la littérature arabe, spécialement la littérature arabe sensuelle et érotique, méconnue de la nouvelle génération.
Le titre du film en arabe “Majnoun Farah” (ou le fou de Farah) fait justement référence à “Majnoun Leila”; une des histoires d’amour impossibles les plus populaires dans le monde arabo-musulman, celle de Qais, le poète bédouin fou amoureux de sa cousine Leila.
Les deux Maghrébins de la fiction découvrent (à l’instar de plusieurs vingtenaires et trentenaires qui regarderont le film) une littérature méconnue pour plusieurs jeunes des nouvelles générations. Des récits, histoires et poèmes, sensuels et érotiques, plusieurs sans aucune pudeur, qui contrastent avec l’image du monde arabe coincé et conservateur qu’on insiste à véhiculer.
Ahmed (Sami Outalbai), bien que Français, ne connaît tout simplement pas sa ville Paris et vit dans un environnement assez rétrograde régit par la loi de sa cité. Au fur et à mesure, le jeune homme découvre une beauté méconnue parallèlement à du désir qui se développe et s’intensifie à l’encontre de Farah (Zbeida Belhajamor) et qu’il tente d’enfuir.
Un fossé sépare la Tunisienne avide de découverte et de liberté et le fils d’immigré algérien qui se retient et s’autocensure. Une configuration sociale qui s’oppose au modèle du couple usuel qu’on a l’habitude d’observer, représenté par le mâle débridé et la vierge effarouchée.
Un fossé sépare aussi les immigrés installés – qui se braquent sur eux-mêmes et inventent leur monde dans cet autre pays _ et les nouveaux venus – qui tentent de se fendre et adopter les codes locaux.
Bande-annonce Une histoire d’amour et de désir / مجنون فرح:
On découvre dans ce long-métrage, une véritable mise à nu que la réalisatrice a choisi d’adapter sur grand écran au sens propre comme au sens figuré, et une exposition de la fragilité masculine inhabituelle dans un contexte oriental dominé par la censure et les non-dits.
Le film “Une histoire d’amour et de désir” concourt pour remporter le Tanit d’or aux JCC 2021. Il est projeté dans les salles de cinéma de Tunisie à partir du mercredi 29 septembre 2021.
Sara Tanit
Autour du film “Une histoire d’amour et de désir” :
Le film “Une histoire d’amour et de désir” dans les salles tunisiennes à partir du 29 septembre
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