Les JCC 2023 sont annulées par le ministère des Affaires Culturelles… Une première depuis la création des Journées Cinématographiques de Carthage par feu Tahar Chériâa en 1966, souligne le journaliste et critique de cinéma Khémais Khayati.
Le ministère des Affaires Culturelles a émis un communiqué pour annoncer l’annulation de la 34ème édition des Journées Cinématographiques de Carthage (JCC) (qui devaient se dérouler du 28 octobre au 04 novembre 2023) en signe de solidarité avec le peuple Palestinien.
Le festival était programmé pour la période du 28 octobre au 4 novembre 2023 dans ” une édition exceptionnelle ” en plus d’une section spéciale à l’occasion de la célébration du Centenaire du cinéma tunisien (décembre 1922-décembre 2023).
La décision d’annulation a été prise “en solidarité avec notre peuple palestinien frère, et compte tenu des conditions humanitaires critiques observées dans la Bande de Gaza et dans tous les territoires palestiniens occupés à la suite de la brutale agression sioniste”, avance le ministère dans son communiqué.
Le comité d’organisation avait publié la liste de tous les films participants aux compétitions officielles des JCC 2023 peu avant cette décision. Une vidéo a aussi été partagée avec l’acteur et réalisateur Palestinien Mohammad Bakri, exprimant sa fierté de présenter son dernier film “JENINE 2023” qui revient sur la situation des réfugiés au camp de Jénine et l’oppression israélienne qu’ils subissent.
Ce film documentaire devait être présenté en première mondiale aux JCC2023 et figurait en compétition officielle catégorie longs-métrages documentaires. De plus, un hommage au réalisateur palestinien Hany Abu Assaad était préparé et une bonne sélection de films sur la Palestine devait être projetés gratuitement.
Le comité des JCC 2023 a énoncé que des cinéastes palestiniens, des producteurs et distributeurs ont mis à la disposition du festival leurs films classiques destinés à être projetés gratuitement pour le public tunisien dans la salle de plein air du Festival de l’avenue Bourguiba de Tunis “ciné avenue”, en une programmation spéciale de soutien à la cause palestinienne .
Il aurait été possible de voir gratuitement cette première liste de films palestiniens offerts au Public tunisien :
Jenin, Jenin de Mohamad Bakri (2002)
Leila’s Birthday de Rashid Mashraoui (2008)
Fix me de Raed Andoni (2010)
My Love Awaits Me de Mais Darwazah (2013)
The Wanted 18 d’Amer Shomali (2014)
Roshimia de Salim Abu Jabel (2015)
The crossing d’Ameen Nayfeh (2017)
Nadia’s Visa d’Hanadi Elyani (2018)
Maradona’s Legs de Firas Khoury (2019)
200 Meters de Ameen Nayfeh (2020)
The Present de Farah Nabulsi (2020)
Little Palestine, journal d’un siège d’Abdallah Alkhatib (2021)
Est-il utile de rappeler quel les Journées Cinématographiques de Carthage ont été depuis leur création pensées comme une plateforme de réflexion et de résistance, rassemblant des cinéphiles d’Afrique et du monde arabe afin de défendre l’art et la beauté face à la laideur des politiques répressives.
C’est plus que jamais un espace pour discuter des films et, à travers eux, des questions et problématiques mondiales et essentiellement la cause palestinienne, comme le rappellent les organisateurs. D’ailleurs, quelques jours auparavant, il a été décidé d’annuler toutes les festivités liées au festival et l’entamer directement avec la projection des films…
Les JCC ont toujours été une fenêtre pour accéder à des films africains et arabes qu’on ne trouve nulle part ailleurs. Plusieurs cinéphiles tunisiens ont pu découvrir leur premier film palestinien au cours de ces journées. Des films sur la Palestine qui exposent ce qui subit son peuple et qui ont permis à plusieurs curieux de s’informer à comprendre la cause..
Le cinéma est résistance, l’art sous toutes ses formes est une brèche pour s’exprimer, pour montrer sa solidarité et constitue une marque de soutien indélébile. Que penser de cette décision prise à la va-vite, si ce n’est pas, encore une fois, un rendez-vous manqué…
Sara Tanit
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