Take my Breath ou Entre Deux est le nouveau long métrage de fiction de Nada Mezni Hafaiedh qui sortira dans les salles de cinéma de Tunisie à partir du 25 octobre. Le film aborde un sujet sensible rarement traité dans le cinéma tunisien, celui d’un personnage intersexe, né sans orientation sexuelle fixée…
Cette malformation innée vue comme une tare sociale est une caractéristique de naissance qui fait que l’individu est né avec des attributs sexuels masculins et féminins en même temps ou bien des caractéristiques qui ne correspondent pas aux définitions traditionnelles ou les normes médicales du sexe masculin ou du sexe féminin. Une personne intersexe ne peut ainsi être ni un homme ni une femme, mais elle peut choisir de le devenir plus tard, ou pas, par voie chirurgicale et hormonale.
Si plusieurs pays acceptent les personnes intersexes et ne leur impose pas de choisir, dans certains pays notamment arabe, il faut choisir son sexe, un choix généralement imposé par les parents ou les docteurs à la naissance, pour pouvoir se procurer une pièce d’identité et donc passer par un processus médical ou une chirurgie. A noter que l’ONU s’oppose à cette médicalisation et rappelle que les enfants intersexes sont parfaits tels qu’ils sont!
Le film relate l’histoire de Shams , admirablement interprétée par Amina Ben Ismail, une jeune couturière de 23 ans d’apparence normale vivant avec sa sœur et sa mère dans un petit village. Amoureuse d’un pécheur (rôle joué par Mohamed Mrad), Shams vit secrètement son amour. Un incident révèle le secret de Shams et l’oblige à fuir son village en quête d’une nouvelle vie à Tunis et surtout d’une affirmation d’identité, n’ayant pas encore pu obtenir une CIN car son genre n’est pas défini.
Tout au long de son séjour à Tunis, Shams subit des harcèlements divers et des tentatives d’intimidation visant à profiter de sa différence et sa faiblesse. Cela rend plus difficile sa recherche de soi. La réalisatrice profite de cette situation pour mettre en lumière plusieurs autres communautés minoritaires en Tunisie et montre leur faculté à se soutenir mutuellement.
La société a du mal à s’adresser à un individu de type intersexe et encore plus quand c’est une société orientale et conservatrice qui rejette les différences. La réalisatrice n’a pas eu peur de traiter franchement et ouvertement le sujet en invitant le spectateur à se mettre dans la peau du personnage, vivant ses maux, ses troubles et surtout ses indécisions multiples.
Pendant une bonne durée du film le spectateur aura du mal à définir le genre du personnage principal et ses orientations multiples. L’incident qui révèle sa non identité marque un tournant dans le film est une quête d’affirmation du personnage.
Tout au long du long-métrage le mot d’ordre que la réalisatrice a tenu à mettre en avant est l’importance de l’amour, celui des proches, de la familles, des amis et surtout l’amour de dieu, notamment à travers un personnage adepte du soufisme (Mohamed Dahech) et son pouvoir à aider à voir au delà des différences…
Au vue des circonstances actuelles, Nada Mezni Hafaiedh informe qu’une grande partie des recettes de la vente des billets du film sera versée au Croissant-Rouge en faveur de la Palestine.
Sara Tanit
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