Lotfi Bouchnak éblouit Festival Carthage avec un retour sur 50 ans de chansons en une soirée d’exception
Le challenge que s’est donné Hamza et Abdelhamid Bouchnak à travers le spectacle inaugural du Festival international de Carthage 2024 surnommé “Je vis mes chansons” (Ayech Ghnéyéti) était de taille; résumer une carrière musicale passionnante de 50 ans, en une soirée!
Les artistes rendent hommage à un monument de la chanson Tunisienne qui n’est autre que leur propre père, Lotfi Bouchnak, le chanteur mondialement reconnu et adulé au Moyen Orient. Et c’est devant un amphithéâtre de Carthage archiplein que débute cette 58ème édition du festival de Carthage.
50 ans de carrière, 50 ans de générosité et de recherche artistique
Lotfi Bouchnak incarne un artiste acharné qui œuvre pour donner au public à chaque fois un nouveau son, inspiré des mouvances internationales mais toujours baigné dans les sonorités tunisiennes. Le maitre vêtu d’un costume noir et d’une cravate confectionnée avec un keffieh palestinien, a fait une entrée magistrale accompagné par l’orchestre symphonique tunisien dirigé par Fedi Ben Othman donnant le ton, la Palestine toujours dans le coeur.
Un mini-film en noir et blanc retraçant l’enfance de Lotfi Bouchnak à la Médina de Tunis a été projeté sur des écrans géants, suscitant l’enthousiasme des spectateurs.
Le public a lancé des youyous à la naissance du bébé Lotfi. On y voit, le père sermonnant l’enfant car il s’évade tout le temps pour s’imprégner de la musique. La mère ‘Soufia’ réconforte la future star en lui disant de rêver grand, de devenir le chanteur qu’on acclamera un jour sur scène, et c’est ce qui fut!
Difficile de résumer une carrière de 50 ans en une soirée, mais Abdelhamid Bouchnak a relevé le défi de marquer les grands pans de ses 5 décennies, en mettant en avant les collaborations exceptionnelles de l’artiste et ses acolytes.
Un hommage émotionnel et des moments forts où les arts se sont melés
La soirée a été marquée par des performances émouvantes, mettant en avant les collaborations de Lotfi avec des artistes de renom comme Slaheddine Bouzaiene, Ali Louati, le défunt Taoufik Zgonda et Adam Fethi. Des témoignages poignants de ses amis et collaborateurs ont enrichi ce voyage musical, tandis que des extraits de chansons patriotiques et des hommages à la Palestine en poèmes ont captivé l’audience.
Parmi les moments forts de la soirée, la reprise de la chanson “Ahna el Joud Ahna el Karam” avec un défilé de plusieurs photos de Tunisie prise par vlogger The Dreamer. Ali Louati, auteur de “Ritek Me Na3ref Win” avec Anouar Brahem, a introduit ce morceau qui a été interprété avec des extraits du film Halfaouine, l’enfant des terrasses de Férid Boughedi, projeté en arrière-plan. Ensuite, Lotfi Bouchnak a chanté “Ana Habit & T7abit” écrite par Adam Fethi et le célèbre générique du feuilleton Ghada “Ya layam kfeya”, tandis qu’un tableau calligraphie était réalisé en direct sur scène.
Un hommage poignant à la Palestine a suivi, avec un poème dans lequel le chanteur a appelé à l’action et à l’éveil des consciences accompagné d’images du désastre et l’interprétation de la chanson “Khouya El Ensen”, paroles d’Adam Fethi et compositions de Lotfi Bouchnak. Il a appelé à l’action et à l’éveil des consciences avec la phrase “Ana el awan lisa7watén yé 3alem”.
Des Performances variées et collaborations Artistiques
Lotfi Bouchnak a interprété “Yé Lella Winek”, une chanson sur un tableau représentant deux jeunes se séduisant dans la médina. Il a aussi chanté “Enti Shamsi”, un classique mexicain sur des paroles écrites par Adam Fethi, et “El 3in Elli Mé Tchoufikchi” avec la guest star libanaise Micheline Khalifa, rappelant leur collaboration d’il y a plus de 30 ans. “Hethi Ghneya Likom” a été accompagnée de projections d’images en gros plans de gens misérables, paysans et travailleurs.
Bouchnak a présenté de nouveaux titres à l’instar de “Soufia”, dédiée à sa défunte mère récemment décédée. La chanson “Ayech Li Ghneyéti”, avec des paroles d’Adam Fethi et un air de Frédéric Chopin, a été interprétée avec Hamza Bouchnak au clavier. Le ténor Tunisien a également chanté le célèbre air d’opéra “O Sole Mio” en dialecte tunisien.
Une fin de soirée mystique et transcendante
Lotfi Bouchnak a enfilé une jebba traditionnelle pour la dernière heure du spectacle, surprenant le public avec une fin mystique en interprétant les fameuses Ibtihalat du Ramadan, énumérant ‘Asmaâ Allah alhosna’ ou les 99 noms d’Allah. Il a présenté une nouvelle chanson dans laquelle il a compté les célèbres saints de Tunisie, accompagnée de projections des différentes zaouias sur grand écran.
La soirée s’est terminée avec des membres de l’équipe du feuilleton “Nouba” sur scène, reprenant des titres célèbres comme “Oche9 Eddenya” , “Nawar Ellouz” et Kif Chba7t Khyelek”, laissant le public en transe jusqu’à la fin.
À travers ce spectacle, les fils de Lotfi Bouchnak ont réussi à capturer l’essence de sa carrière exceptionnelle, rappelant pourquoi leur père est un trésor national et une légende vivante de la musique tunisienne.
Sara Tanit
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