Carthage 2014 : «Souvenance» d’Anouar Brahem, une ballade estivale à l’amphithéâtre de Carthage

 

Voyager assis en se laissant transporter par une agréable ballade musicale, c’est ce que le public de la 50ème édition du Festival International de Carthage a apprécié le temps de 90 minutes en assistant à «Souvenance»; une nouvelle création de l’artiste tunisien Anouar Brahem présentée en avant première à l’amphithéâtre de Carthage lors de l’inauguration de l’édition Gold du festival. De véritables instants de grâce…

L’amphithéâtre de Carthage était complet lors de cette soirée ramadanesque qui a signé l’ouverture de la 50ème édition du festival international de Carthage. Des spectateurs mélomanes et connaisseurs sont venus en masse apprécier la nouvelle création de l’oudiste Anouar Brahem «Souvenance».

Des compositions inédites que l’artiste a passé 3 années à préparer, une sorte d’invocation en musique de ce que la Tunisie a vécu depuis le déclenchement de la révolution.

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Le concert a commencé plus tard que d’habitude, vers 11h du soir, attendant l’arrivée de personnalités politiques qui ont tenu à assister à cette première prestation à l’instar du ministre de la Culture, Mourad Sakli, et le chef du gouvernement Mehdi Jomâa qui a indiqué qu’une partie des revenus de ce 1er concert seront versés à la cause palestinienne, à la lumière des attaques que les palestiniens subissent ces jours-ci.

Jouer une musique de Chambre dans un espace en plein air avec tous les aléas climatiques et devant un public habitué à la musique commerciale des festivals et venu en masse, c’est le pari risqué par Anouar Brahem accompagné de son groupe composé de François couturier au piano, Klaus Gesing à la clarinette basse, Bjorn Meyer à la basse en plus d’une vingtaine de jeunes musiciens de l’orchestre de chambre de Tallinn.

Ce fut un pari gagné ! Car l’amphithéâtre de Carthage a été marqué par un silence majestueux dès le début du concert. Et les spectateurs ont été bien gratifiés en se faisant emmener dans des promenades lointaines, là ou la musique est capable d’emporter les esprits jusqu’à perdre la notion du temps.

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Les morceaux choisis par l’artiste étaient centrés autour de son instrument de prédilection l’oud, qui a su sortir de ses limites orientales pour se marier à merveille avec la basse, le piano ou encore le saxophone. Des duos oud/Basse, des trios piano/oud/saxophone, des introductions douces parfois violentes des membres de l’orchestre de musique de chambre, le jeu musical a oscillé entre douceur et agitation, entre évocation de souvenirs et des complaintes parsemées de notes d’espoirs. Les influences jazz sur la musique d’Anouar Brahem se sentent bien et plaisent. Serait ce l’album de la maturité pour l’artiste tunisien ?

Le musicien s’est adressé seul à son publique, au milieu du spectacle, muni de son oud, il a joué son seul air en solo tout en fredonnant doucement les notes. On avait pensé un instant qu’il allait chanter comme il l’avait fait des années auparavant pour interpréter la bande annonce du film ‘Asfour Stah’… ça ne sera pas pour cette fois.

Au bout d’un moment, une projection a été lancée pour accompagner une composition agitée, les lumières se sont éteintes pour mettre en valeur une course poursuite dans les couloirs d’un hôpital… des gens blessés, de la colère, une agitation et un bruit de fond provenant de manifestations ou les gens scandaient «Berrouh béddam néfdik yé 3alam»… un morceau placé au cœurs de évènements pré-révolution dans l’hôpital de Kasserine en janvier 2011… une claque musical qui donne des frissons…

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Il s’agit là, de la première apparition d’Anouar Brahem sur la scène du mythique Amphithéâtre de Carthage depuis presque 2 décennies. 22 ans après il revient sur cette même scène pour conclure son concert avec un morceau fruit de ses arrangements, devenu chanson culte interprétée par le chanteur Lofti Bouchnak et qui constitue un hommage à sa ville de naissance «Halfaouine».

Une belle note de fin, que le public a particulièrement appréciée en imposant la cadence et en fredonnant les paroles de «Riték mé Na3réf Win», tout en ayant en tête les souvenirs d’une «Souvenance» d’une extrême finesse qui lui a donné des ailes, le temps d’une soirée carthaginoise.

Quelques extraits du concert: 

 

Sara Tanit

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