15 février 2005, à San Francisco : trois anciens ingénieurs de Paypal déposent, dans la plus grande indifférence, le nom de domaine “YouTube”. Chad Hurley, Steve Chen et Jawed Karim, à l’époque âgés de 27 à 29 ans, souhaitent développer un site pour partager plus facilement leurs vidéos.
La start-up bénéficie d’un premier investissement de 8,5 millions de dollars de la part de Sequoia Capital. Cette firme a déjà soutenu financièrement des stars de la high-tech comme Apple, Cisco, Oracle, Yahoo! et Google. Sequoia injectera 3 millions supplémentaires en 2006, quelques mois avant le grand tournant de l’histoire de YouTube qu’est son rachat par Google.
En octobre 2006, le moteur de recherche acquiert en effet la start-up – 19 mois d’existence seulement et déjà 60 salariés – pour 1,65 milliard de dollars. En juin 2008, les deux fondateurs Chad Hurley et Steve Chen possédaient chacun 400 millions de dollars d’actions Google, selon le magazine “Forbes”.
Number one
Depuis 2006, grâce au soutien financier du géant de Mountain View, YouTube s’est définitivement imposé comme numéro un mondial des plateformes de vidéo en ligne. En décembre 2009, 40% des 32 milliards de vidéos vues sur Internet provenaient de sites Google (autrement dit, de YouTube qui en représente 99%), selon ComScore. Le 9 octobre de la même année, Chad Hurley avait annoncé triomphalement sur son blog que YouTube avait atteint le milliard de vidéos vues quotidiennement.
Le site s’est également imposé comme l’un des moteurs de recherche les plus consultés par les internautes. Ainsi, en 2009, le nombre de requêtes sur YouTube a augmenté de 35% aux Etats-Unis pour atteindre 3,9 milliards. Soit 50% de plus que les recherches faites sur Yahoo et 180% de plus que sur Bing – détenu par Microsoft. C’est aussi l’équivalent d’un tiers des requêtes enregistrées par le leader Google.
Pas encore rentable
Pourtant, si son succès en termes de notoriété est incontestable, la question de la rentabilité de YouTube fait toujours débat. D’autant que Google ne détaille pas, dans ses rapports financiers, les chiffres de sa plateforme vidéos. En juin 2008, un article de “Forbes” évaluait le chiffre d’affaires de la plateforme vidéos à 200 millions de dollars, notant une augmentation des publicités vendues sur le site. Et en juin 2009, le cabinet de consultat Ramprate estimait le chiffre d’affaire à 240 millions de dollars, avec une perte opérationnelle de 174 millions de dollars.
Google soulignait en 2009 que la plateforme était en passe de devenir un “business très profitable” dans un avenir “pas si lointain”. Des déclarations qui n’empêchent toutefois pas certains de douter de la rentabilité de YouTube. “Sans Google, YouTube serait en faillite depuis longtemps”, écrivait récemment sur son blog Dan Rayburn, analyste pour Frost & Sullivan et vice-président exécutif de Streamingmedia.com. “Google donne à YouTube le temps de devenir ‘successfull’, et si cela finit par devenir profitable, ce sera grâce à l’argent de Google et pas aux ‘innovations’ de YouTube”.
Source : Les Echos
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