Tunisie-Logiciel Libre : Pas assez cher, mon fils !

Les gens pensent que tout ce qui est cher est forcément meilleur. Ils se font arnaquer sans même s’en rendre compte. Le défaut de l’Open Source ? Pas assez cher, mon fils ! Les défenseurs tunisiens du monde libre n’ont pas froid aux yeux.

Quand on demande à Hatem Zidi, pourquoi la plupart des sociétés à travers le monde (dont la Tunisie) utilisent des logiciels payants, donc plus chers au lieu des solutions Open source il répond avec un petit sourire « La nature humaine est faite ainsi ! Les gens pensent que tout ce qui est cher est forcément meilleur. Ce qui n’est pas toujours le cas ! Pis : chaque jour, le monde se fait arnaquer sans même se rendre compte !». Comme argument, il donne pour exemple une suite bureautique ultra connue que l’éditeur vend à prix d’or mais dont l’utilité se limite uniquement à quelques fonctions (80% du reste demeure inutile) !!! « Ce n’est pas en vendant le produit qu’on va gagner de l’argent mais en vendant uniquement le service adéquat » souligne-t-il. Et il sait de quoi il parle puisque M. Zidi est Chef de projet et architecte Open Source chez Open Vision.

Cette déclaration iconoclaste a fusé lors d’une conférence dédiée à l’Open Source et les Logiciels Libres, qui a eu lieu mardi 2 mars, à l’Ecole Nationale des Ingénieurs de Tunis (ENIT). L’événement a été organisé par l’AIESEC, une organisation estudiantine favorisant l’échange des compétences à travers le monde entier.

La conférence a accueilli des spécialistes tunisiens du logiciel libre dont Hatem Zidi, et Nihed Mbarek, l’un des cinq représentants du projet Fedora en Tunisie, et membre actif de la Communauté du Libre en Tunisie. Les deux orateurs se sont fait une joie de partager leur passion commune pour l’univers de l’Open Source face à une audience d’une quarantaine d’étudiants.

Après une brève introduction sur l’Open et le Closed Source, Mr. Hatem Zidi a expliqué l’importance du logiciel libre au sein de l’Entreprise. Il a également évoqué l’industrialisation de cet outil qui a permis la conception de plusieurs ERP destinés aux entreprises, tout en démontrant que la cohabitation pacifique entre logiciels payants et non payants est non seulement possible, mais souhaitable. Il précise même que malgré des problèmes récurrents liés à l’incompatibilité de certains logiciels libres avec ceux payants « des entreprises assez mûres ont recours à des ERP développées en Open Source ».

Qu’il s’agisse du secteur privé ou public, force est de constater que l’Open Source est de plus en plus présent au sein des entreprises et des organismes publics. Il présente ainsi des solutions liées à l’administration système, la bureautique, la supervision, les portails et les applications collaboratives… En France par exemple, 96% des organismes du secteur public ont déjà eu recours à ce type de solution contre 82% pour le privé selon un article paru dans Silicon.fr.

Fedora s’active en Tunisie

Plus active que jamais, la communauté tunisienne de fedrora ne cesse de multiplier les manifestations. Elle a même été invitée l’année dernière, à la 10ème édition du salon international « Solution Linux/Open Source » qui s’est déroulé à Paris «(lire l’article : « fedrora Tunisie » à Paris). Cependant, ce système d’exploitation reste davantage orienté vers le monde professionnel. « Fedora  a  même permis le développement de plusieurs produits à travers le monde, notamment  Maemo, le système d’exploitation du téléphone mobile Nokia N900. » précise-t-il. Lors de la conférence, il a invité le public à essayer ce nouveau système en se rendant à l’adresse suivante : https://fedoraproject.org/get-fedora.

Nihed Mbarek, membre de Fedora Tunisie, a mis en exergue les principales caractéristiques de Fedora(lire l’article : Connaissez-vous Fedora ?) « Il s’agit d’une distribution reposant sur le noyau Linux, dérivée de Red Hat Red Hat qui lui même est destinée aux entreprises et serveurs» dixit Nihed Mbarek. Toutefois, il précise que pour chaque utilisateur, il y a une solution adéquate (développement, design, traduction….).

Mais indépendamment des plateformes utilisées, l’Open Source émerge. Le monde du libre a fini par imposer ses champions, à l’instar de Firefox et de Firebird « A l’ origine, il faut savoir que Firefox était basé sur Netscape. De même pour le logiciel Firebird , par rapport à Interbase» précise Mr Zidi avant d’ajouter « Firefox et Firebord ont utilisé les failures de leur prédécesseurs pour pouvoir aboutir à leur états actuels» !

Et question navigateur, même en Tunisie, le renard de feu est plus en forme que jamais, comme en témoigne les statistique émanant de statcounter.com. Au mois de Juillet 2009, Firefox était déjà placé en haut du podium avec 57% de part du marché en Tunisie, talonné par Internet Explorer qui affichait à peine 29% et par Google Chrome 7.65 %.

Même son de cloche en ce début de mois de mars 2010 avec 48.93% pour le chouchou de la fondation Mozilla, toujours en tête du peloton, suivi d’IE 28.01% mais une excellente surprise pour la navigateur de Google dont la part du marché est d’un seul coup monté en flèche pour atteindre les 19,35% !

Et si Chrome lui-même n’est pas Open Source, le navigateur de Google n’en reste pas moins basé sur Chromium, un projet 100% Open Source. En d’autres termes, les sceptiques peuvent se rhabiller. L’Open Source sort ses griffes, et gare aux égratignures !

Samy Ben Naceur

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