«Encouragés par l’accessibilité de l’outil numérique», les cinéastes tunisiens trouvent leur salut dans le documentaire. Entre longs et courts métrage, 19 films tunisiens du genre, au programme de Doc à Tunis, viennent faire preuve de l’explosion du documentaire.
Au cœur de Tunis, au milieu des embouteillages et des klaxons, entre les boutiques de vêtements, les bars et les cafés et les administrations centrales, une autre dynamique au rythme différent est venue animer les rues. C’est «Doc à Tunis», tenue du jeudi 01 au dimanche 04 avril. Ce festival consacré au film documentaire a soufflé cette année sa cinquième bougie. Environ 60 films de quatre continents sont au programme. «Une faune nouvelle est peu à peu en train de voir le jour : des cinéastes qui s’affranchissent des circuits officiels du cinéma pour faire des films par eux-mêmes ! Encouragés par l’accessibilité de l’outil numérique, cette race d’électrons libres pourrait prétendre à une réelle visibilité…» souligne une note figurant dans le dossier de la manifestation et intitulé «documentaire synonyme de dignité». Les cinéastes tunisiens sont également partis à la recherche de cette «dignité» assurée par le documentaire. Et visiblement ils l’ont trouvée.
Maturité récompensée
Projeté lors de l’ouverture de «Doc à Tunis», Un Conte de Faits de Hichem Ben Ammar a démontré l’efficacité de cette approche. Ce film a déjà été sélectionné dans plusieurs festivals internationaux de renommé. En mars 2010, l’opus a remporté le premier prix au Festival de Milan des cinémas d’Afrique, d’Asie et d’Amérique Latine. Idem pour «Zarzis» de Mohamed Zran également au programme de la manifestation. Si Hichem Ben Ammar est un documentariste confirmé comptant déjà à son actif cinq opus du genre, Mohamed Zran est à son deuxième doc après deux films de fiction à succès. Favorablement accueilli par les critiques, et à l’unanimité, «Zarzis» a remporté le prix du meilleur nouveau réalisateur et le Black Pearl Award au Festival du Film du Moyen Orient à Abou Dhabi. Ces deux œuvres viennent marquer le cinéma tunisien par le nouveau langage cinématographique qu’ils amènent.
Explosion de la production des docs
La section «Actualité du documentaire en Tunisie» met en évidence la montée en puissance de cette approche cinématographique longtemps considérée comme un parent pauvre. Vendredi 01 avril à partir de 18h au théâtre du 4ème art, le doc tunisien fait son show avec plusieurs films. On y trouve Il était une fois une épicerie de Lassaad Dkhili, Moi, le Issaoui de Walid Ettayaa, Cinéastes et francophones de Kamel Chérif, Vent des désirs de Adel Bakri, D’argile de Hatem Ben Milad et Zarzis ou Vivre Ici de Mohamed Zran. Samedi 03 avril à partir de 18h, on pourra découvrir l’«Actualité du documentaire en Tunisie» au théâtre Ibn Rachiq. Au programme, s’affichent Arab essarafa (Au bas de l’échelle) de Tarek Ben Ghzaiel, Pèlerinage à Lamu de Fahd Chebbi, Eve à mes yeux de Anouar Lahouar et La Mané des sables de Zine Hamda. Et le feu d’artifice des docs tunisiens continue.
Nos jeunes documentaristes s’emparent de la section «Promesses documentaires». Dimanche 04 avril à partir de 15h au théâtre Ibn Rachiq, seront projeté L’âme du verre d’Aymen Omrani et Gown and shoes d’Ahmed Nour. On y trouve également Gahaf de Heifel Ben Youssef, Une histoire de survie d’Aymen Belhassine et 56 Sud de Lamine Amara, La tête qu’elle veut de Leila Bouzid, La brûlure de
Leila Chaibi et La nation du livre de Mohamed Barrak.
Face aux rares productions de films de fiction tunisiens, voici que le documentaire nous fait une poussée de croissance spectaculaire, et remarquée lors de cette cinquième édition de Doc à Tunis. Reste à espérer que les créateurs trouvent les circuits de distribution alternatifs capables de canaliser leur production.
Thameur Mekki
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