Un média israélien plagie Tekiano, en déforme sans vergogne les propos, pour jeter de l’huile sur le feu. Au cœur de l’affaire, l’article, «La question juive dans le cinéma de Tunisie», publié le 8 avril sur Tekiano.
«Antisémites enragés», «intoxiqués par cette propagande moyenâgeuse», «dérapage antisémite» sont, entre autres, des termes utilisés par un certain Ftouh Souhail, dans un article paru dans JSS News, un webzine d’opinion israélien. Ces expressions ont été utilisées pour qualifier des journalistes et autres présents dans la conférence de presse du film «Zarzis», du réalisateur tunisien Mohamed Zran. Le rédacteur de cet article a employé ces termes et autres noms d’oiseaux, en prenant le soin de les insérer entre les lignes de deux articles déjà parus sur Tekiano. L’auteur semble en effet maitriser la fonctionnalité copier-coller. Les deux articles de Tekiano en question sont «Tunisie : Zarzis by Zran, ville ouverte» et «La question juive dans le cinéma de Tunisie (1)». Du plagiat à en crever les yeux pour façonner à la va-vite un papier incendiaire.
Ce qui est en cause ? La perception de Simon, le personnage tunisien de confession juive du documentaire «Zarzis». Sans avoir été présent à cette conférence, le rédacteur de l’article échafaude les hypothèses les plus farfelues pour donner à un débat l’allure d’un scandale «antisémite». Nous passerons sur l’aberration qui nous attribuerait à nous Tunisiens et Arabes, et donc sémites, des sentiments de haine envers… nous-mêmes. Avec ses phrases insérées dans nos articles plagiés, ce Ftouh Souhail déforme nos propos informatifs pour en bâtir un discours pyromane.
Même si il y a eu débat et contestation lors de la conférence de presse du film de Zran, la presse tunisienne a su prendre ses distances avec tout amalgame ou propos déplacé. Mieux : ceux qui ont soi-disant «fustigé» Zran ne représentent qu’une infime minorité. Aucun article contestant l’approche de Zran n’est paru dans les journaux tunisiens. Au contraire, le film Zarzis a été à l’unanimité encensé par les critiques. Mais sous d’autres cieux moins lumineux, les agressifs partisans du clash des civilisations ne manquent pas de l’autre côté de la mer. L’expérience de Ridha Béhi, un autre réalisateur tunisien, en témoigne.
Le cinéaste préparait un projet en collaboration avec Marlon Brando. Ridha Behi garde des souvenirs aigre-doux de ses rencontres avec cette icône du cinéma hollywoodien. Il a même fait part à la presse tunisienne de l’une des déclarations les plus poignantes de Marlon Brando :
«Mon cher Ridha ! Tu veux faire un film en Amérique? J’y vois déjà au moins cinq obstacles! D’abord, tu es arabe et tu ressembles à un Arabe. Ensuite tu parles mal l’anglais. Troisièmement, tu ne connais pas le jazz. Quatrièmement, tu m’as choisi comme acteur, moi, Brando, un vieillard mal en point, le chiffon rouge de l’Amérique bien pensante! Quant au cinquième obstacle, c’est le plus difficile : tu n’as pas de juif pour t’épauler ici à Los Angeles…». Ainsi a parlé le grand Marlon Brando.
Les déclarations lapidaires du défunt Brando ont du reste fait l’objet de rudes polémiques aux Etats-Unis d’Amérique. Des chaînes de stature mondiale se sont empressées d’en faire leurs choux gras. On aura par exemple noté l’interview mémorable de Brando par Larry King diffusée sur CNN en 1996 (Vidéo). Qui donc souffle sur les braises ?
Et voici que dans le cas présent,
un média israélien plagie Tekiano, magazine en ligne tunisien, en déforme sans vergogne les propos, pour jeter de l’huile sur le feu, et créer une polémique de toute pièce. Quitte à ignorer délibérément la déontologie journalistique pour jouer les pompiers pyromanes.
Thameur Mekki
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