Finis les petits bouts de papiers planqués dans la manche ! Lycéens et étudiants ont trouvé mieux pour s’épargner les révisions. La high-tech fait irruption dans les salles d’examen. Du téléphone portable au lecteur MP4. Les sous-doués n’en finissent pas de (re)passer leur bac !
Le samedi prochain, la semaine bloquée du deuxième trimestre dans nos lycées et nos collèges sera terminée. Quand à nos étudiants universitaires, certains ont déjà entamé les partiels d’autres attendront la deuxième semaine de Mai. Et décidément, James Bond a fait des émules. Toute la gamme du matériel high-tech est mobilisée. Calculatrices programmables, bien sûr, mais aussi téléphones portables et organiseurs, dictaphones… Tout est bon à prendre. A condition de disposer d’assez de mémoire, ou d’assurer la communication avec l’extérieur… des salles d’examens. Des sites web sont même mis à contribution pour compiler les méthodes les plus up to date (voir Web-tricheur.net).
Ainsi, nos petits malins pensent que les lecteurs MP4 et les MP3 sont un don du Bon Dieu (Ne3ma min 3and Rabbi). Et pour cause. Ces minuscules appareils qui coûtent à peine une vingtaine de nos dinars, permettent aussi de lire des fichiers textes. Et quand on pense qu’ils sont dotés de mémoires RAM qui dépassent allégrement le 1 Giga… De quoi fourrer le contenu d’une encyclopédie complète ! D’autres feront un usage plus habituel de ces gadgets qui inondent le marché tunisien. Pour écourter les longues séances (de 2 heures) d’arabe ou de philosophie par exemple. Anis 17 ans, en témoigne: "Avec le rude hiver de cette année et un professeur de la langue arabe qui nous « asphyxie », je me sers de mon lecteur MP4 pour écourter ces 2 heures d’enfer. Mes écouteurs sont bien cachés dans mon bonnet. Et avec le froid qui règne dans les classes, aucun prof ne va me suggérer de l’enlever. Avec Tupac Shakur dans les oreilles les cours passent bien plus vite.".
L’oreillette sous le hijab
En Tunisie, une nouvelle astuce pour tricher lors des examens vient de voir le jour. Afin de tromper la vigilance des surveillants lors des examens, des étudiantes portant le hidjab profitent de leur tenue vestimentaire pour tricher. Elles dissimulent ainsi un kit mains libres sous leur foulard. Pour écouter les réponses enregistrées dans l’appareil ou dictées par un camarade à l’extérieur de la salle. Une carte de recharge de 5 dt ou de 10 dt selon l’importance de la matière, et l’affaire est dans le sac ! Dès que les sujets d’examens sont distribués, elles prennent un temps de réflexion qui oscille entre 10 et 20 minutes. Ensuite, c’est l’incontinence urinaire qui a l’air de faire des ravages. « Let’s go to pipi Room ! ». Dans les WC, l’étudiante contacte son interlocuteur qui se trouve soit à l’extérieur ou même à la maison (parfois un membre de la famille ou un ami). Pour le reste… Le phénomène prend de plus en plus d’ampleur dans nos universités. Les étudiant(e)s discutent ouvertement de cette pratique, pour le moins inhabituelle.
«Plusieurs étudiantes de ma section utilisent le hidjab et le téléphone portable pour tricher, et à ce jour, aucun prof n’a douté de quoi que ce soit», raconte Nahla, étudiante en quatrième année de droit au sein de la Faculté de Droit et des Sciences Politiques deTunis. Imen, une autre étudiante a, de son côté, trouvé une autre astuce, cette fois-ci plus pratique. «J’enregistre sur mon appareil portable sophistiqué toutes les leçons se rapportant à l’examen. Une fois à l’intérieur de la salle, je mets le kit mains libres et lorsque le professeur pose les questions, je prend mon mobile, je sélectionne le dossier voulu et je recopie». Celle-ci, s’est dite, quant elle, sûre de l’impunité et aucun prof, n’a jusque-là émis le moindre soupçon sur son attitude.
La triche à l’ancienne
Certains combinent les deux méthodes, conventionnelles et High-tech. Slim 15 ans, ne nous dit pas autre chose : « Une fausse copie sous les vêtements, écrite sur les manches d’un pull, sur le jean ou encore enregistrée sur le portable qu’on écoute ou qu’on lit en douce, font toujours l’affaire. J’ai été pris sur le fait et cela m’a coûté quinze jours de renvoi. Si j’ai arrêté ? Oh que non ! Je continuerai à tricher tant qu’on nous donne de longs cours à apprendre par cœur. » Pour d’autres, la bonne vieille triche traditionnelle reste toujours possible et… indémodable. Et après tout, peu importent les gadgets. Nos sous-doués fourrent ainsi un petit bout de papier avec une écriture en miniature (les photocopieuses se sont perfectionnée avec le temps !) dans un paquet de mouchoirs, dans une trousse, sur la ceinture, sous ou sur les vêtements… et même en dessous des jupes. Ines 22 ans, déclare : « porter des jupes, ça me facilite énormément la tâche. Je colle mes fausses copies au scotch sur mes jambes. Et dès que les surveillants détournent leur regard, j’élève ma jupe et je commence à faire mon boulot. ». Comme quoi les mini-jupes, ont aussi du bon.
Certains élèves avouent qu’ils recourent à la triche parce qu’ils ne trouvent pas le temps qu’il faut pour réviser. D’autres pensent que de nos jours, être sérieux ne paye plus nécessairement. Pis : les mauvaises langues diront même que celui qui ne triche pas aura moins de chances de réussir. Comme quoi Machiavel n’a pas fini de recruter dans nos universités… nos petits Princes grandiront. Et face à la pression scolaire, les parents sont d’ailleurs parfois les premiers à cautionner ces pratiques, pourvu que leurs enfants réussissent. La solution viendra peut-être des responsables de nos facultés et écoles. En viendra-t-on à équiper les salles d’examen et les amphithéâtres de matériel de brouillage sophistiqué, pour déjouer les tentatives de nos tricheurs ?
Abdel Aziz Hali
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