«Vive Bibi Netanyahou» clame un chanteur tunisien dans un extrait vidéo mis en ligne sur Facebook. Slim Baccouche lui, chante une ode à la Ghriba, demandant à ce lieu saint des Juifs de lui venir en aide (ya Ghriba ma tkhaliha biya).
«Vive Bibi Netanyahou» clame le chanteur tunisien Mohsen Cherif dans un extrait vidéo mis en ligne sur Facebook. Aussitôt, les voix de plus de 14 000 facebookers tunisiens se sont élevées sur une page créée sur le réseau socialdurant la nuit du 01 au 02 août. Des milliers dinternautes appellent sur cette page à ce que la nationalité tunisienne soit retirée à Mohsen Cherif après que ce dernier ait crié le nom du premier ministre dIsraël.
Les commentaires à son encontre ont continué à pleuvoir en masse durant toute la nuit et jusquà laube du lundi 02 août. «Cest faux tous ça» réagit un compte portant le nom de Mohsen Cherif sur Facebook. Le chanteur, ferait-il allusion à un montage vidéo truqué? Il rétorque sur le réseau social : «Ne me comprenez pas mal». Mais difficile de calmer les ardeurs des foules mobilisées sur le net.
Le lieu de la soirée na jusquici pas été identifié. «Nous vous verrons au pèlerinage de la Ghriba en mai, inchallah» lance le chanteur au public dont les images sont désormais diffusées sur le réseau social. Mohsen Cherif connu pour son interprétation des chanteurs juifs tunisiens Raoul Journo et Cheikh Efrit nest pas le seul à attirer les foudres de nos internautes.
Noureddine El Kahlaoui, auteur du tube de mezoued «yemchi w yji» aurait livré, à en croire les vidéos diffusées sur le réseau social, une performance durant la même soirée. Ces révélations ont poussé les internautes tunisiens à fouiller plus. Slim Baccouche apparaît aux côtés de Mohsen Cherif, dans une vidéo filmée lors d’une autre soirée. Dès la mise en ligne de ces séquences sur Facebook, des milliers dutilisateurs du réseau social se sont insurgés contre ces chanteurs.
En moins de douze heures, presque une vingtaine de pages a été créé contre les trois musiciens. La vidéo a, semble-t-il, été prise à loccasion dun dîner gala en marge des célébrations des rituels du pèlerinage juif dEl Ghriba. Ce qui porte à croire à cette hypothèse? Dans la vidéo, Slim Baccouche chante une ode à la Ghriba, demandant à ce lieu saint des Juifs de lui venir en aide (ya Ghriba ma tkhaliha biya).
A ce stade, on se perd en conjectures, dautant plus que Slim Baccouche est le concepteur de «Nouraniet 2010», spectacle programmé au Festival International de Carthage, le 09 août. Il sagit dun spectacle dont la musique est «inspirée de lidentité arabo-musulmane». Ce projet artistique est présenté comme étant constitué de «mouachahat», «invocations religieuses» et «incantations au prophète Mohamed». Serait-ce de la schizophrénie ou du trucage vidéo ?
Toujours est-il que les chanteurs en question sont lynchés sur Facebook. Pourtant, il ne sagit pas à proprement parler dune nouveauté. Faisant preuve de leur tolérance, dautres coqueluches bien de chez nous ont ainsi pris part aux célébrations du pèlerinage juif dEl Ghriba de 2008. Mohamed Jebali et Houssine Al Afrit (connu également pour ses chants spécialement concoctés pour Ramadan) étaient de la partie. Cest ce qua rapporté Alliance. Ce magazine judéo-francophone ne tarit pas déloges sur leur performance.
Pour rester fidèle à notre mémoire culturelle, rappelons que la chanson tunisienne a été marquée et régie par des figures artistiques de confession juive tout au long de la première moitié du 20ème siècle. Raoul Journo, Cheikh Al Afrit et Habiba Msika en sont les piliers. Dailleurs, Le site de la Radio Nationale affiche du reste et jusquà à lheure actuelle quelques enregistrements de ces chanteurs. Mais rares sont les musiciens à avoir à la fois célébré des fêtes religieuses islamiques et juives.
Thameur Mekki
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