Les téléspectateurs ne sont pas en droit despérer de la haute gastronomie quand nos réalisateurs, scénaristes, producteurs ont les mains liés par des considérations de basse cuisine. Le problème ? On ne fait pas domelettes sans casser des ufs. Delà à cracher dans la chorba
Alors que la boulimie, télévisuelle y compris, atteint des sommets durant ce mois de Ramadan, alors que les productions télévisuelles tunisiennes rompent leur jeûne annuel, voici quil devient opportun de rappeler quil arrive à aussi à nos pros de la télé de mettre les pieds dans le plat. Cest quil est difficile de trouver la soupe à son goût avec ce que nous servent nos chaînes nationales. Même si pour loccasion, on a réchauffé les vieilles marmites, censées mitonner les meilleures cuisines.
Mais la recette est particulièrement difficile à suivre. Et il paraît même que Hamadi Arafa, le directeur de «Canal 21» aime à raconter cette petite parabole, avec sa succulente métaphore. Rappelant au passage une vérité première : on ne fait pas domelette sans casser des ufs. Or cest ce que lon tente visiblement de faire, à la télé nationale. Cest le très sérieux webmanagercenter qui sest du reste empressé de le rapporter lannée dernière. Voici lhistoire, qui a des allures de blague :
«Une personne est allé un jour dans un restaurant et a commandé une Ojja. Insistant pour quelle soit succulente, elle a cependant exigé quon ny mette ni ufs, ni harissa, ni poivre ». En dautres termes, les téléspectateurs ne sont pas en droit despérer de la haute gastronomie quand nos réalisateurs, scénaristes, producteurs ont les mains liés par des considérations de basse cuisine. Pas très ragoûtant tout ça. Mais quon se le dise : on saura au moins que les responsables sont conscients que la chakchouka télévisuelle quils nous servent en guise damuse gueule durant ce sacré mois de Ramadan est indigeste.
On croyait pourtant que nos marchés étaient suffisamment approvisionnés pour parer au plus pressé, et aux appétits les plus gargantuesques de nos concitoyens.Oserions-nous rappeler les tonnes dufs et de poulets stockés pour rassasier les Tunisiens ? Il ny a pas pénurie dharissa, à ce que lon sache, et nos hypermarchés croulent sous le poids des conserves ! Pourquoi donc notre télé en manquerait ? Par ailleurs, lécrasante majorité des téléspectateurs croyaient pourtant jusquici, que la soupe télévisuelle était suffisamment épicée avec ces affaires de corruption, de sexe, et même de viol, en tartines étalées juste après la rupture du jeûne. Autant dhistoires que lon croyait suffisamment pimentées pour être diffusées à lheure de la digestion. De quoi sérieusement retourner lestomac.
A priori, avec ce menu bétonné, plus besoin de shour. On serait même à la limite de lindigestion. Mais que nenni, apprend-on dans ce papier de wmc. Lessentiel est ailleurs. Et pourtant, il paraît que le Tunisien nest pas dupe de ces ersatz dépices quon lui sert à la place du «vrai» plat de résistance. Cest dautre chose quil est question. En définitive, tant quon ne pourra pas proposer, sur les petits écrans de Tunisie, une vrai ojja, avec les ufs et surtout lharissa qui va avec, Ramadan ou pas, on restera sur notre faim. Delà à cracher dans la chorba
LBC
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