Les Tunisiens sont les premiers en Afrique et dans le monde arabe à vouloir faire du piratage, bien plus quune simple gravure de CD. Un acte qui porte en lui les germes dun mouvement pour la défense de nos droits individuels face aux monopoles des multinationales.
Une fois de plus, les Tunisiens seront les pionniers dans le monde arabe et sur le continent africain. De quoi réjouir les amateurs de classements en tout genre. Nos concitoyens sont en effet les premiers, dans la région, à vouloir faire du piratage, bien plus quune simple opération de réappropriation des biens culturels et intellectuels. Il sagit dun acte qui porte en lui les germes dun mouvement plus large, pour la défense de nos intérêts et de nos droits individuels face aux monopoles des multinationales, et de ceux qui prétendent faire du Net un espace aseptisé, à leur service.
Un nouveau mode de réflexion qui ne manque pas de référents idéologiques. On citera lun des penseurs les plus populaires dans la sphère des mouvements de libération cybernétique. Il sagit de Hakim Bey, qui affirme, dans «TAZ, Zone Autonome Temporaire», lun de ses ouvrages fondateurs : «Le piratage de données, les transmissions non autorisées et le libre-flux de l’information ne peuvent être arrêtés. (En fait la théorie du chaos, telle que je la comprends, prédit l’impossibilité de tout Système de Contrôle universel.)».
Difficile détablir des barrages face au flot de linformation. Les digues bricolées aussi High Tech soient-elles ne sauraient résister au courant. Les pirates sont là pour rappeler cette vérité première. Une perspective sans doute encore théorique dans notre contexte. Mais pas complètement utopique. Dautant plus que la Tunisie a des traditions séculaires en matière de piratage. Nos corsaires inspiraient crainte et respect dans la Méditerranée. Lhistorique et retentissant exemple des frères Barberousse en témoigne. Et à lheure où les guerres deviennent cybernétiques (voir :
Israël déclare la guerre informatique à l’Iran) désarmer nos cyberguerriers, faute de confiance, peut savérer désastreux.
Les médias officiels et officieux ont pourtant pris le parti de sen prendre à nos pirates, de les charger de tous les maux. La chute de notre cinéma, est imputée à la Galerie 7. Les problèmes de la musique tunisienne, cest de leur faute, nous dit-on. Et si notre industrie informatique na pas encore accompli son décollage de fusée, pour exploser comme un pétard mouillé, cest encore une fois à cause des corsaires. En un mot, nos pirates sont désignés comme le bouc émissaire prêt à endosser tous les péchés de notre économie et de notre société.
Poudre aux yeux, intox. Une analyse qui ne tient pas, à la lumière des faits. Parce que les pirates ne sont pas dobscurs flibustiers qui se consacrent à la rapine, fusse-t-elle informatique. Lidéologie pirate ne sarrête pas aux frontières artificielles de lindustrie du logiciel. Il sagit également de combattre les brevets des trusts pharmaceutiques qui laissent mourir des millions dhumains faute de soins accessibles. Le Tiers Monde a donc tout intérêt à se conformer à la pensée pirate, et cela les Tunisiens en pointe dans le combat pour la liberté intellectuelle lont compris.
En dernière analyse, que des hommes de notre pays soient les premiers dans le monde arabe et en Afrique à proclamer leur affiliation pirate, indique, si besoin est, le degré dexigence et de maturité atteint par notre jeunesse. Et par le camp des pirates de Tunisie.
Oualid Chine
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