Rached Ghannouchi compte déjà plus de 50 000 fans sur Facebook. Sa page ne tombe pas dans l’amateurisme de ses détracteurs. Le leader du Mouvement Islamiste d’Ennahdha adopte un stratagème fédérant rapidement les masses. Al Jazeera assure le blackout sur ses partisans gifleurs.
«Pour connaitre les news du Cheikh Rached Ghannouchi, le penseur islamique et le président du Mouvement islamique d’Ennahdha. Rejoignez notre page officielle maintenant» c’est ce qu’affiche une pub sur le côté gauche des écrans des Facebookers Tunisiens. Le lien publicitaire pointe vers la page fan de Rached Ghannouchi. L’espace cybernétique du cheikh résident à Londres depuis plus de 20 ans a été créé lundi 17 janvier, soit trois jours après la chute de Zaba.
Et c’est avec un extrait du poème de Belgacem Chebbi également hymne national de la Tunisie que la page en question a été inaugurée. En deux semaines, le nombre des partisans de Ghannouchi sur le réseau social dépasse les 50 000. Et les publications se succèdent. Les liens des articles publiés par Al Jazeera sont privilégiés. Evident ! Comment tourner le dos à l’allié médiatique numéro un de Ghannouchi? La figure de proue de l’islamisme à la tunisienne a bien retenu la leçon qui a contribué à la chute de Zaba.
La stratégie de communication est bel et bien développée. Après l’hymne national et les articles d’Al Jazeera, l’heure de l’«ice breaker» a sonné : Ghannouchi doit sortir du cliché l’emprisonnant dans l’image peu valorisante de l’obscurantisme. Pour atteindre cet objectif, les administrateurs de la page ont publié une série de photos illustrant les apparitions publiques du leader du Mouvement Islamiste d’Ennahdha.
Etape suivante? Démentir l’accusation privant Ghannouchi de la sympathie de la moitié de la société tunisienne. Mise au point : «Le problème des Tunisiens et des Tunisiennes est la dictature. Et notre opposition à liberté de la femme n’est qu’une intox».
Et les départements d’Ennahdha sont complémentaires. La page Facebook de Rached Ghannouchi publie une mise au point concoctée par la Commission médiatique du Mouvement Ennahdha à Londres. D’autres interviews de Ghannouchi se succèdent ainsi que cette mise au point :
«Le 17 juillet 1988, après mon départ de la prison, j’ai déclaré au journal «Assabah» que le Mouvement Ennahdha approuve le Code du Statut Personnel» martèle-t-il dans une claire tentative de chasser les idées préconçues autour de lui et de son parti politique. Et voilà que la page se met à partager des publications encore plus variées au sujet de ses apparitions à la télé. France 24, Al-Hiwar, Financial Times et autres lui ont donné la parole.
Le 26 janvier 2010 était une date historique pour les milliers de sympathisants virtuels d’Ennahdha. Après être restés en contact avec leur leader via le net, voilà que celui-ci annonce son retour en Tunisie, dimanche 30 janvier.
Photos et vidéos ont été publiées sur la page Facebook de Ghannouchi pour célébrer son arrivée sur le sol tunisien. Al Jazeera a assuré la couverture médiatique de son voyage dès Londres et jusqu’à Tunis. La page en question a relayé son reportage hissant Ghannouchi et ses partisans au dessus de toutes critiques ou controverse. Alors que de nombreux profils Facebook tunisiens relayent la vidéo d’une femme agressée par l’un de ses partisans au moment de son arrivée.
Thameur Mekki
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