Bik N3ich ou ‘Par toi, je vis’est le premier monodrame porté par un jeune acteur issu du théâtre studio d’El Teatro, Hassen Gharbi. Sur une mise en scène de Naoufel Azara, ce jeune ingénieur propose sur scène une pièce décalée qui exhibe les clichés de la société tunisienne avec exagération certes mais non sans nuance de vérité.
De la difficulté à intégrer la société
La pièce de théâtre Bik N3ich se présente comme un test d’intégration spécial au cours duquel un tunisien résident à l’étranger qui désire rentrer au pays, portant avec lui un projet ambitieux, doit passer par plusieurs épreuves pour prouver qu’il a sa place.
Il est reçu par la Commission Internationale de la Haute Instance des Réfugiés et Retournés dès son débarquement à l’aéroport afin de lui faire passer un test d’intégration des idées et pensées quant à leur adaptabilité avec l’imaginaire national, sous liberté surveillée.
Ce comédien-citoyen-objet qui rente en Tunisie chargé d’un projet sociétale ambitieux et rêveur découvre une société tunisienne qui remet en cause toutes ses idées, sa vision et son envie de provoquer le changement.
Le personnage principal se trouve confronté à une société dont les codes sont étranges et insaisissables. Les clichés du quotidien sont vulgarisés et exposés et une invitation à la réflexion s’impose et sort du cadre de la scène pour contaminer les spectateurs.
Un acteur en mode vibreur
L’acteur Hassen Gharbi a réussi à tenir le public en haleine pendant presque une heure et demie grâce à sa vivacité et son énergie débordante. Outre le jonglage rapide entre plusieurs personnages et personnalités plus différentes les unes que les autres, il a même réussi à endosser le rôle d’un Smartphone dénonçant ainsi l’usage démesuré des réseaux sociaux et les vies parallèles fabriquées de toute pièce par plusieurs jeunes tunisiens.
Dans un autre registre, il s’est transformé en une caméra de surveillance sondant des réactions et enregistrant les faits dans les commerces pour partir par la suite exposer une version rêvée puis déformée de l’avenue de Tunis, une dissonance qui l’emmènera dans un asile d’aliénés.
Avec une quasi absence de décors sur scène, hormis quelques images projetées en arrière plan pour accompagner quelques idées, l’acteur a réussi néanmoins à transporter les spectateurs d’un univers à un autre et à remplir la scène tant il bougeait, comblant le vide.
On peut aimer ou pas la prestation de Hassen Gharbi, mais il est inévitable que l’acteur apporte un souffle nouveau à l’univers du one man show tunisien tant par l’introduction de références culturelles et historiques déchiffrables par un public averti que par l’abus d’utilisation d’un sarcasme délicieux et d’un humour décalée qui à défaut de faire rire, suscite une profonde réflexion…
Sara Tanit
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