Tunisie : Politique-fiction contre la dictature de la majorité

 

Ils ont fini par fermer les cafés. Pourtant, les 37% d’électeurs qui les ont mis au pouvoir ne savaient pas que cela pouvait arriver. La loi 76 a été finalement adoptée. Et les Tunisiens n’ont vu de leurs élus… qu’un air de déjà-vu. Récit d’un peuple trahi par les urnes…

byrsa-140La société est en déconfiture. Le tabac pour chicha, importé désormais d’Italie est vendu sous le manteau, au nez et à la barbe des autorités. La gent féminine est harcelée, persécutée et racolée à tout bout de champ. Le sexe faible crie haro sur l’oisiveté du sexe fort. La délation et la roublardise reprennent de plus belle. Quel retour de manivelle avait entraîné la promulgation de la loi 76! Et c’est le 25 février 2015 que le parlement tunisien l’avait adoptée. «Pour la promotion d’une société saine et active, les horaires d’ouverture des cafés seront limités» énonce son texte. Mais c’est l’effet boomerang qui s’est plutôt manifesté. La faute revient originellement à 37% d’électeurs qui ont donné lieu à une sorte de «dictature» de la majorité.

Il s’agit d’un court-métrage intitulé Loi 76, dont l’idée a été initiée par le Mouvement Byrsa. Le réalisateur Mohamed Ben Attia y braque son objectif sur l’avenir de la Tunisie. Le film d’une durée de 12min est une fiction d’anticipation qui dresse le portrait d’une société trahie par les urnes, et victime de son propre choix. Sans doute dans le but de sensibiliser les Tunisiens à affluer massivement vers les bureaux de vote le 23 octobre. Mais aussi pour préconiser la pluralité, eu égard à ce que l’hégémonie a fait endurer aux Tunisiens depuis l’indépendance.

{youtube}1dri3pZsdak{/youtube}

Le film raconte l’histoire d’une jeunesse désillusionnée qui a perdu tout espoir et toute confiance dans le système. Et même ceux qui faisaient partie des 37% ont déchanté. Le lien entre le régime aux citoyens a été brisé. Pour déboucher sur une scission dans laquelle toutes les couches de la société se trouvent marginalisées. Des circonstances très favorables au retour de la dictature… par la porte de derrière.

Après la conférence organisée à Science Po à la veille des élections de 2009, qui a réuni pour la première fois des représentants du régime et de l’opposition, Mouvement Byrsa apporte sa pierre à l’édifice à quelques semaines du scrutin pour alerter les Tunisiens sur les conséquences néfastes de l’abstention. Alors si vous êtes contre l’instauration de la Loi 76, allez voter!

 

Mohamed Jebri

Print Friendly, PDF & Email

Plus :  Actu   TopNews



  • Envoyer