Le célèbre cinéaste burkinabé Idrissa Ouedraogo, est considéré comme étant une icone gravée dans la mémoire du cinéma africain grâce à son engagement pour le cinéma africain et sa parfaite maîtrise des outils cinématographiques: réalisation, tournage, son, scénario pour faire un bon film.
Il était présent mardi matin au Palais des Congrès à Tunis qui a accueilli une série d’hommages organisés à l’occasion de la célébration du cinquantenaire des Journées Cinématographiques de Carthage (JCC). A cette occasion, le cinéaste tunisien, Mohamed Challouf a présenté un homme exceptionnel et l’un des cinéastes les plus productifs du Continent africain. Il en témoigne “je suis encore fasciné par ce cinéaste qui fait le cinéma à la manière de ses prédécesseurs, les pionniers tels que Sembene Ousmane”.
L’hommage à ce cinéaste ancré dans son africanité était animé par la critique de cinéma française Catherine Ruelle. Journaliste à l’époque à RFI radio France internationale où elle animait une émission ayant une audience dans le continent africain, elle se rappelle de sa première rencontre avec Ouedraogo: “quand je l’ai rencontré dans les années 70, j’étais très intéressée par son approche du cinéma, surtout qu’il s’est formé tout seul à l’Institut africain d’études cinématographiques (Inafec), la plus ancienne école de cinéma de Ouagadougou”.
Et c’est dans son village natal qu’il avait commencé à faire des films en traitant des sujets locaux et en faisant participer les membres de sa famille dont son frère, Barou Omar Ouedraogo qui était présent à la séance d’hommage, en plus de Assita Ouedraogo (actrice), Ouedraogo Kasmane (acteur et réalisateur), Ardiouna Soma (délégué général du Fespaco-festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou-Burkina Faso) et un grand nombre de cinéastes et acteurs africains.
Selon leurs témoignages, Idrissa devenait une sorte d’explorateur qui dans chacun de ses films tentait d’explorer d’autres espaces géographiques et culturels. En effet, la carrière cinématographique de Ouedraogo est faite d’étapes et d’œuvres qui ont fait l’unanimité dans les plus grands festival dont ceux de Cannes et des JCC avec des films comme ” Poko ” et “Pourquoi ” en 1981, Ouagadougou, Ouaga deux roues (1985), Yam Daabo (Le choix) en 1986, Yaaba (Grand-mère) en 1989, et le Cri du cœur en 1994.
Idrissa s’est aussi dirigé vers la comédie et les séries télévisées en essayant de toucher le maximum de gens en tant que producteur et réalisateur de ses propres œuvres.
Les témoignages parlent du langage qu’Idrissa essayait de mettre dans ses films, s’agissant plutôt d’un langage assez simple pour que les gens qui voient ses films comprennent ce qu’il veut leur transmettre. D’ailleurs, ses amis, cinéastes et acteurs, témoignent qu’il pense beaucoup au public. Ouedraogo explique ce souci par le fait qu’il “vient d’un pays de 16 millions d’habitants qui parlent 42 langues”.
Pour faire un bon film, Ouedraogo estime qu’il “faut connaitre un peu de tout, notamment le cadrage et la lumière” pour ne pas dépendre de l’équipe technique et être le commandant de bord de son œuvre. C’est pour lui un point fondamental à initier aux nouveaux cinéastes qui, selon lui, ont un problème de formation au niveau de la maîtrise des outils et techniques cinématographiques.
En effet, plusieurs invités qui ont parlé de leurs expériences professionnelles et personnelles avec Idrissa Ouédraogo, ont été unanimes à souligner que ce cinéaste créatif et inventif , il est un grand détecteur de talents, qui exige sans arrêt un minimum de professionnalisme et de savoir faire dans tous ses travaux, en cherchant toujours les meilleurs des techniciens, surtout à nos jours où il regrette le fait que “la qualité du cinéma africain baisse d’une année à une autre”. Dans ce sens, il a appelé à développer la formation technique de la nouvelle génération de cinéastes pour faire un bon cinéma en Afrique, confronté à un véritable problème de positionnement puisqu’il tarde encore à retrouver ses marques surtout avec l’émergence du numérique et de la Télévision numérique terrestre qui envahissent et menacent même l’espace audiovisuel en général .
Avec Tap
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