Le génie universel et intemporel qu’incarne le dramaturge anglais William Shakespeare a fait que “depuis la renaissance jusqu’à nos jours, il est pratiquement devenu le symbole du théâtre”, a estimé Mohamed Moumen, universitaire, critique de théâtre en parlant dans son intervention d’un théâtre shakespearien qui n’a de limites ni géographiques ni temporelles, puisqu’il attire jusqu’à nos jours l’intérêt des hommes de théâtre du monde entier. Et pourtant, il a fallu patienter pour reconnaître le génie d’un Homme souvent critiqué pour son approche pas toujours appréciée par ses contemporains, a-t-il ajouté lors de l’ouverture du colloque international sur “Shakespeare sans frontières” organisé les 22 et 23 novembre dans le cadre des Journées Théâtrales de Carthage 2016 qui célèbrent les 400 ans du dramaturge William Shakespeare (1564-1616).
Pour Jacques Neefs, metteur en scène belge, ” toutes les pièces de Shakespeare se profilent à travers notre histoire commune durant des siècles “. Il a dans ce sens avancé que si l’on arrive à ” explorer l’immense œuvre de Shakespeare, nous pouvons trouver des clés qui ouvrent les portes à toutes les époques de notre histoire.” Il a souligné que le théâtre de Shakespeare est un théâtre de l’imaginaire, qui se moque d’Aristote et de ses trois unités: le temps, le lieu et l’action, une approche qui a souvent été matière de critique, a-t-il mentionné.
L’expérience des théâtres des pays du Sud a été largement évoquée par Marvin Carlson, Professeur émérite de théâtre et de littérature comparée à l’université de New York et écrivain qui est revenu sur l’historique du théâtre dans les pays arabes. Il a cité l’exemple du libanais Najib al-Haddad dont les traductions ont été au cœur du répertoire de la plupart des compagnies de théâtre en début des années 30. Sa plus célèbre œuvre inspirée de Shakespeare était une première adaptation de Roméo et Juliette intitulée en arabe “le martyr de l’Amour”, une pièce considérée comme étant le plus grand succès dans le théâtre arabe moderne en 1901 où ont été judicieusement mélangés le théâtre shakespearien avec les pratiques des performances locales, créant ainsi une nouvelle production postcoloniale.
Au début de ce siècle, même les théâtres nationaux les plus conservatifs ont commencé à présenter un théâtre Shakespearien beaucoup plus politisé. Les égyptiens ont surtout passé d’un théâtre basé sur l’Arabe classique vers un dialecte égyptien focalisé sur des questions politiques. Une transformation similaire s’est opérée dans les récentes œuvres maghrébines qui peuvent être visibles dans le théâtre tunisien par une simple comparaison entre les productions shakespeariennes de Mohamed Kouka vers la fin du siècle dernier avec celles plus récentes de Mohamed Driss.
La première traduction de l’oeuvre shakespearienne vers l’arabe en Egypte dans les années 50 montrait clairement que Shakespeare n’est plus perçu en tant qu’Anglais ou même une figure européenne mais plutôt un dramaturge international, sollicité aussi par le monde arabe, grâce à son art théâtral qui continue jusqu’à nos jours d’interpeller pour sa signifiance illimitée.
Pour Gregory Thomson, homme de théâtre du Royaume Uni, les adaptations de l’œuvre de Shakespeare dans les pays du Sud sont beaucoup plus proches du monde de Shakespeare que ceux du nord car ce dramaturge avait vécu dans une époque caractérisée par des gouvernements centralisés, des sociétés hiérarchiques, religieuses et patriarches. Il a cité l’exemple d’expériences au Soudan sous des régimes sanguinaires où les gens ont également expérimenté les mêmes situations sous des changements violents de régimes.
Les valeurs et les transitions dont les pièces de Shakespeare reflètent, ont été écrites dans une époque où les gens se référaient beaucoup à la religion ce qui est le cas de nos jours au Pakistan. Car dans l’oeuvre de Shakespeare, il existe aussi ce “conflit” entre le monde de la foi et celui de la science. Il s’est basé sur ses constats d’homme de théâtre qui a notamment été proche d’expériences théâtrales en Iran, au Pakistan ou encore au Sud du Soudan.
Pour sa part, Laura Goudet (France) Maître de conférences en linguistique anglaise à l’université de Rouan-France a plutôt exploré “la culture contemporaine anglophone et anglo-saxonne comme un dialogue hybride entre un Shakespeare remis au gout du jour et des explorations assez nouvelles”, dit-elle. Pour elle, Shakespeare est de nos jours traduit en langage informatique sur internet (pour les séries télévisées). Son discours aborde divers aspects de Shakespeare et parle des ” paradigmes shakespeariens qui sont extrêmement vastes, présents dans des extraits de pièces historiques de comédies, tragédies utilisées dans d’autres cultures populaires.
Tap
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