Tunisie Bondy Blog, Speak out Tunisia et les clubs instigués par Nawaat sont trois nouvelles initiatives œuvrant pour un journalisme citoyen responsable oeuvrant pour l’information régionale relayée rarement ou tardivement par les médias classiques. Lumière sur ces trois initiatives.
C’est avec des vidéos d’amateurs postées sur les réseaux sociaux que l’indignation populaire a été relayée il y a un peu plus d’un an. Le journalisme citoyen s’est alors imposé en Tunisie pour faire face au mutisme des médias classiques. Aujourd’hui, les projets et les formations se multiplient, notamment à l’intérieur du pays.
Créé en 2005, après les émeutes des banlieues parisiennes, le succès qu’a eu le Bondy Blog lui a permis d’être hébergé chez Yahoo.fr. L’objectif était de donner une tribune aux oubliés du système. Encadrés par des journalistes, les jeunes des quartiers y racontent leur quotidien et leurs préoccupations. Après la Révolution tunisienne, le Bondy Blog, a décidé de créer une antenne en Tunisie. C’est à Sidi Bouzid qu’il a été lancé le 17 décembre 2011, une date symbole de la première étincelle de l’insurrection populaire. «Le Tunisie Bondy Blog a pour objectif de permettre aux jeunes issus des milieux populaires de pouvoir s’exprimer, de raconter la vie quotidienne, loin de la stigmatisation et du sensationnalisme». Ainsi se présente cet espace cybernétique. Cette semaine, ils sont 12 jeunes à suivre cette formation à Gafsa. « Ils sont ponctuels et très motivés !» affirme Paolo Khan, venu de Lyon avec sa collègue Rafika Bendermel pour monter ce projet. «Je suis ici pour leur apprendre comment faire des reportages. Là, nous sommes en train de monter une vidéo sur les manifestations à Metlaoui» déclare Manuel Litkus, reporter indépendant, venu former les jeunes du Bondy Blog aux outils et techniques vidéo. Après Sidi Bouzid et Gafsa, le Tunisie Bondy Blog mettra le cap sur Kasserine la semaine prochaine.
Un partenariat entre Nawaat, Canal France International et le Ministère tunisien de la Jeunesse et des Sports a donné naissance aux clubs de journalisme citoyen. Jusqu’à présent, quatre clubs ont été crées et sont, d’ores et déjà, opérationnels dont deux à Siliana, un a Gafsa baptisé «Le Capsien» et un à Kélbili baptisé «Nefzaoui». «D’ici fin 2012, nous tablons sur une vingtaine de clubs dans toutes les régions du pays. Leur contenu sera agrégé sur un portail national qui sera le premier dans la région à être dédié à l’information alternative» affirme Malek Khadraoui, co-administrateur et chef de projet chez Nawaat. L’objectif est de former les jeunes aux techniques vidéo et au journalisme participatif sur internet, la création et gestion d’un site, l’utilisation des réseaux sociaux, des nouvelles technologies de l’information et des techniques d’intégration et de diffusion du contenu. «Se réapproprier les maisons de jeunes et en faire de nouveaux un lieu de création et d’enrichissement pour les jeunes est notre but» ajoute Malek Khadhraoui.
Autre initiative, celle du Pacte Tunisien (Pacte des Compétences Tunisiennes Engagées) intitulée Speak out Tunisia. Cette fois, la démarche est un peu différente des deux précédentes, le financement est participatif : il s’est fait via une collecte de dons de 40 jours sur la plateforme Kickstarter, et les candidatures se font selon une sélection. Le projet prévoit deux sessions de formations une à Kébili pour les profils débutants, entre le 18 et le 30 mars, et une à Tunis pour les profils avancés, entre le 3 et le 17 avril. Les deux seront animées par l’américaine Anne Medley, spécialiste du journalisme citoyen. Web TV citoyenne, Pacte TV va assurer la diffusion des reportages de journalistes citoyens.
Plus d’un an après la fuite de Ben Ali, le journalisme citoyen, fer de lance médiatique de la révolution tunisienne, se développe à forte vitesse. Il ne s’agit peut-être pas de se substituer à la presse classique mais plutôt de la compléter. Leur avenir est sans doute commun.
Sarah Ben Hamadi
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