Tunisie : Hip Hop (français) dans la place

Des fresques mêlant graffiti, calligraphie et peinture. Pour exprimer toute la musicalité rageuse du désespoir urbain. Parce que le Hip Hop est un art total. Aura-t-il la reconnaissance qu’il mérite en Tunisie ?

C’est sur des beats de Xzibit, de Dr Dre et d’Ice Cube que Dj Tackt faisait tourner ses platines, samedi 23 mai 2009, dans l’espace plein air de la médiathèque «Charles
de Gaulle» du côté de l’avenue de Paris en plein centre ville de Tunis. Au rythme de ce mix très imprégné du rap de la côte ouest américaine, Résine 69 et Marko 93, les deux graffeurs accueillis par l’IFCà l’occasion de la manifestation «Hip Hop», faisait part au public tunisien d’une réalisation live d’une fresque mêlant graffiti, calligraphie et peinture.

«Hip Hop, un art total», tel a été le slogan de la manifestation qui a pris fin, samedi 23 mai 2009, avec une performance Graffiti. Une discipline artistique à l’influence grandissante dans le monde du design graphique.

Phénomène omniprésent dans le paysage urbain en Europe et en Amérique, le graffiti permet au graffeur de marquer le mobilier urbain. Généralement réalisé à l’aide de bombes aérosols, sa pratique nécessite adresse et entraînement et constitue une véritable technique artistique. Influant l’infographie, la photographie et la bande dessinée, le graffiti hip hop est très apparent dans les nouvelles tendances visuelles et graphiques et inspire énormément ces domaines artistiques. En tant que mode d’expression, le graffiti est également porteur d’un message de révolte et d’affranchissement. On peut même croiser quelques graffitis, en Tunisie, sur la ligne du train de la banlieue sud de la capitale vers Hammam Lif.

Graffeur emblématique de Saint-Denis (93), Marko 93 mélange, depuis 1994, des formes d’écriture arabe abstraite au graffiti et au tag et donne ainsi naissance au «kalligraffism». Dans la même optique, Marko 93 a partagé, lors de cette manifestation, sa toile artistique urbaine avec Yesser Jeradi, calligraphe tunisien avec la remarquable participation du graffeur –artiste pluridisciplinaire lyonnais Rézine 69 . Une rencontre artistique d’exception née d’une initiative, de l’IFC, à saluer!

Autres modes d’expression

La manifestation a pris fin avec cette performance graffiti mais elle a présenté plusieurs modes d’expression du mouvement Hip Hop. A commencer par le rap avec un concert du rappeur atypique Rocé qui s’est tenu à El Teatro le 16 mai 2009. En relevant aussi cette performance graffiti, en passant par ces films tenus projetés à la médiathèque «Charles de Gaule», mercredi 20 et jeudi 21 mai. Réalisé par Jean-Pierre Thorn, cinéaste passionné du mouvement hip hop, « Faire kiffer les anges» est un voyage initiatique à travers les friches industrielles, les caves, les cités, à la rencontre de quelques acteurs du hip-hop auxquels il donne la parole. «On n’est pas des marques de vélo», film du même réalisateur, présente le portrait de Bouda, jeune danseur hip-hop de 30 ans entré en France à l’âge de 4 ans, aujourd’hui clandestin à vie. A travers ce destin individuel, l’histoire d’une génération au cœur des banlieues nord de Paris (le 93). Ce film est une épopée hip hop musicale, dansée et « rappée ».

Mouvement culturel et artistique apparu aux Etats Unis dans les années 70, le hip-hop regroupe plusieurs modes d’expression : la danse, le graffiti et la musique avec le rap, le Djing et le beatbox. En France, le hip-hop s’est développé dans les années 80 en milieu urbain, faisant écho aux préoccupations sociales et identitaires des jeunes. Relégué à ses débuts au rang d’art mineur, le hip-hop français est aujourd’hui présent dans les salles d’exposition, les galeries d’art et dans les plus grands festivals de musique. Le rap tunisien explose depuis quelques temps. Des médias internationaux se penchent sur nos artistes trop longtemps cantonnés dans la sphère underground. La télé tunisienne, et même la radio, commencent à donner la parole à nos rappeurs. Mais… le Hip Hop à la mode de chez nous, finira-t-il par avoir la reconnaissance qu’il mérite ?

Thameur Mekki

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