Depuis les incidents de Bizerte, les incitations à la haine à l’encontre de la communauté chiite ultra-minoritaire en Tunisie se multiplient sur Facebook. Des pages anti-chiites interconnectées s’y accordent sur un discours discriminatoire.
«La marche noire iranienne vers la Tunisie» est l’une de ces pages pullulant sur les réseaux sociaux. Elle réunit plus de 15.000 internautes. Créée en février 2011, elle n’enregistre aucune publication durant cette année et n’est devenue véritablement active que courant 2012. L’administrateur de la page publie, le 24 avril dernier, les noms des membres du bureau local d’Ennahdha à Teboulba (Monastir).
Des «chiites», selon ses termes. Il appelle les dirigeants du parti à «les écarter car ils représentent un danger pour le pays à cause de leur loyauté à l’Iran». La page publie souvent les noms de personnes qu’elle «accuse» d’être chiites en demandant de les boycotter.
«Nous tenons à préciser que l’équipe de la page n’appartient à aucun parti politique ni courant intellectuel. Notre identité est l’Islam selon le madhhab malékite», indiquent les administrateurs de la page tout en niant avoir comme objectif de semer la discorde, mais vouloir absolument contrer «la diffusion de la culture chiite qui nuirait au pays».
Cette page n’est pas la seule à s’être donnée comme vocation l’attaque des chiites et leur diabolisation [comme dans la photo illustrant cet article, NDLR]. Il y en a plusieurs, dont la majorité est interconnectée. Nous en citons, à titre d’exemple, «Non au flux iranien et au chiisme en Tunisie» (septembre 2011, 2000 utilisateurs), «Non au chiisme en Tunisie» (15 janvier, 3800 utilisateurs) ou encore une des plus récentes, créée en avril 2012, «La ligue Tunisienne contre l’expansion chiite en Tunisie» (Avril 2012, 2850 utilisateurs).
Un point commun à toutes ces pages : elles affichent clairement leur soutien à la rébellion syrienne contre Bachar Al-Assad. Par élan révolutionnaire ou par hostilité aux chiites iraniens et libanais pro-Assad ? Les commentaires des internautes favorisent la deuxième hypothèse.
Sarah Ben Hamadi
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