Le site web de Charlie Hebdo est inaccessible depuis ce matin. Sa page Facebook est submergée de milliers de commentaires, le hashtag #CharlieHebdo et Mahomet sont les sujets les plus discutés sur Twitter. Un dispositif sécuritaire renforcé est déployé devant les locaux du journal.
La polémique sur la Une de Charlie Hebo caricaturant le prophète Mahomet ne fait que commencer. Alors que le monde musulman s’embrase depuis une semaine à cause d’un film dénigrant le Prophète de l’Islam, l’hebdomadaire satirique français décide d’en rajouter une couche. «Pour calmer le jeu après le film Innocence of muslims, Charlie annonce avant tout le monde la sortie d’Intouchables 2!» annonce-t-il mardi 18 septembre, sur sa page Facebook, en publiant sa «Une» du lendemain ; une caricature du prophète Mahomet. Provocation gratuite ? Liberté de la presse ? Les réactions se déchaînent dans un contexte délicat.
Charlie Hebdo, «multi-récidiviste» !
«C’est la Une de trop. On sent que ça a été fait dans un objectif de provocation, dans un contexte particulièrement dur dans le monde aujourd’hui», déclare Rama Yade, ancienne Secrétaire d’Etat française, chargée des Affaires étrangères et des Droits de l’Homme. Pour Richard Prasquier, Président du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France), «Publier ces jours-ci, au nom de la liberté, des caricatures sur Mahomet est une forme de panache irresponsable». De son côté, l’Union des étudiants juifs de France, qui marquent son soutien au journal estimant qu’il s’agit d’une polémique «déplacée».
Invité à réagir au micro de la radio Europe 1, Charb, le directeur du journal se défend : «Si on commence à dire ‘on ne peut pas dessiner Mahomet’, ensuite il ne faudra pas dessiner des musulmans tout court». Mais le journaliste est cette fois, sévèrement critiqué, y compris par ses confrères. Sur son compte Twitter, le journaliste Jean-Michel Apathie poste «Ce matin, #CharlieHebdo cherche plus à faire parler de lui qu’à défendre la liberté d’expression #caricatures». Même son de cloche chez Pascal Boniface, directeur de l’IRIS (Institut des Relation Internationales et Stratégiques) qui signe un article titré «”Charlie Hebdo” caricature Mahomet : pas du courage, mais du pur opportunisme». Dans son brûlot, il rappelle que l’hebdomadaire «est multi-récidiviste contre les musulmans». «L’argument mis en avant par la rédaction est celui de la liberté d’expression, l’objectif réel est de relancer les ventes en baisse du journal, en faisant des coups réguliers contre les musulmans» conclut-il.
Le gouvernement français «désapprouve»
Tout en soutenant la liberté d’expression, le gouvernement français a exprimé ses inquiétudes. Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a affirmé sa «désapprobation face à tout excès» dans «le contexte actuel». Des précautions de sécurité particulières ont été prises selon le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius, qui a ordonné la fermeture des ambassades et écoles françaises dans 20 pays, y compris la Tunisie, ce vendredi.
Rappelons qu’en novembre 2011, et après la publication d’un numéro spécial baptisé «Charia Hebdo» avec Mahomet comme “rédacteur en chef”, les locaux de l’hebdomadaire satirique avaient été incendiés et le site internet du journal piraté.
S.B.H
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