Tunisie – Gaza : Une visite ministérielle entachée de maladresses

 

Pour la première fois, une délégation ministérielle tunisienne se dépêche à Gaza, au lendemain d’une offensive israélienne. Signe fort de soutien au peuple palestinien, cette visite n’a toutefois pas échappé aux critiques.

Conduite par le ministre des Affaires étrangères Rafik Ben Abdesllem, la délégation tunisienne comprenait Sihem Badi, ministre de la Femme et des Affaires de la famille, Khalil Zaouia, ministre des Affaires sociales, Slim Ben Hmiden, ministre des Domaines de l’Etat, Samir Dilou, ministre des Droits de l’Homme et Justice Transitionnelle, la secrétaire d’Etat pour l’Habitat Chahida Ben Fradj Bouraoui, le directeur du cabinet présidentiel, Imed Daimi, et le conseiller des affaires étrangères auprès du chef du gouvernement, Boubaker Teyeb. Cette visite marque certes, un signe fort de soutien aux palestiniens, mais le nombre des officiels et la nature de leur responsabilités, demeurent inexplicables pour plus d’un.

Et ce n’est pas uniquement les officiels partis dans cette délégation qui ont suscité les critiques. Il y a en effet, bien plus étonnant. Une première photo postée par la page Facebook de Zitouna Tv, la chaîne télévisée dont il est le propriétaire ; Oussema Ben Salem, le fils du ministre de l’Enseignement supérieur, parmi la délégation tunisienne à Gaza. Les premières réactions hostiles fusent timidement sur les réseaux sociaux avant d’exploser à la publication d’une nouvelle photo, cette fois par la page de la Présidence de la République. On y remarque Oussema Ben Salem, derrière Rafik Ben Abdelslem lors la réunion d’urgence du conseil des ministres de la ligue des Etats arabes, tenue, au Caire.

ben-salem-gaza-201112

Le fils du ministre et patron d’un média se retrouvant ainsi à la place réservée aux secrétaires d’État, ambassadeurs et membres du ministère des affaires étrangères.

La polémique enfle sur les réseaux sociaux : «Est-ce le nouveau Sakhr El Materi ?» peut-on lire dans l’un des centaines de commentaires postés. Conscient de cette « bévue », les ministres n’ont pas tardé à réagir. Samir Dilou s’est dit surpris par sa présence, Slim Ben Hmiden a lui évoqué « une grave erreur».

Pour se défendre, Oussema Ben Salem a déclaré sur les ondes d’Express FM qu’il a présenté ses excuses à Rafik Ben Abdelslem qui l’aurait «blâmé», et a tenu à préciser qu’il a voyagé en tant que journaliste et «à son propre compte». Trop tard pour se rattraper pour ses détracteurs, Oussema Ben Salem est désormais dans leur ligne de mire.

Toutefois, les critiques ne se sont pas arrêtées à la «forme » de cette visite à Gaza. Au lendemain du retour des ministres en Tunisie, la présidente de l’association Kolna Tounes Emna Mnif écrit sur son profil Facebook : «La couverture médiatique de la visite de la délégation officielle tunisienne à Gaza, aussi bien sur la Watania 1 que sur Attounissia, est pour le moins indécente. L’événement est il le drame gazaoui ou bien l’excursion ministérielle tunisienne ? Quel déplacement pour quel résultat ? Toujours de la démagogie et de la langue de bois et une éternelle inefficacité ».

De son côté, le célèbre journaliste palestinien Abdel Bari Atwan ne mâche pas ses mots. Dans une déclaration accordée à France 24 et rapportée par Mosaïque FM, le rédacteur en chef du journal londonien Al Quds Al Arabi a fustigé tous les officiels arabes qui se sont déplacés à Gaza : «Les ambassadeurs sont arrivés à Gaza en tant que touristes, ils n’ont apporté ni médicaments pour les blessés, ni nourriture pour les affligés, ni même des armes pour les jeunes de la résistance. Ceci n’est qu’une pièce de théâtre mal organisée».

M.Z

A Lire :

Offensive sur Gaza : Les tweets «surréalistes» d’une journaliste israélienne

Raids israéliens sur Gaza : Colère en Tunisie

Print Friendly, PDF & Email

Plus :  A la une   Politik



  • Envoyer