Tunisie : Quelles perspectives pour les webdesigners?

Tekiano vous propose le premier volet d’une série d’articles consacrés aux métiers du web, en cédant la parole à de jeunes pros du secteur. La parole est aux webdesigners.

Le métier de web designer attire de plus en plus de jeunes en Tunisie, séduits par le côté créatif, et High Tech de la profession. Et puisque le web est devenu incontournable dans notre pays, les métiers qui en découlent se voient de plus en plus cotés. Surtout avec la recrudescence des métiers liés à la communication et à l’événementiel. Encore faut-il s’y retrouver sur le marché de l’emploi, pour se faire une petite place au soleil. Ce qui est loin d’être évident malgré la canicule actuelle. Tekiano vous propose donc le premier volet d’une série de papiers consacrés aux métiers du web, en cédant la parole à de jeunes pros du secteur.


« On ne compte plus les services liés au web design. Du e-mailing, à la réalisation de bannières publicitaires, en passant par la désormais classique conception de sites internet… La définition d’une charte graphique cohérente pour que les différents éléments se conjuguent harmonieusement. Le problème ? Les arts graphiques ne font pas partie de notre culture. Les Tunisiens restent peu familiarisés avec le design. Les exigences des clients ne sont pas toujours du meilleur goût. Mais ce sont eux qui payent (de moins en moins d’ailleurs), alors on fait avec». Ainsi témoigne Walid webdesigner free-lance, sous le sceau de l’anonymat. Parce qu’il n’est pas vraiment enchanté par la tournure que prend la profession en Tunisie.

Sami Ben Charrada, issu de l’institut supérieur d’informatique et de techniques de communication de Hammam Sousse (ISIT), est, lui aussi web designer/graphiste dans une société basée à Tunis. Mais pour lui, il s’agit d’abord de « distinguer le graphiste web du graphiste tout court. Les deux métiers sont tous deux assez différents : le premier repose sur les techniques de la numérisation et de la création apparentées surtout au web et à la publicité: comme le traitement d’images, l’animation 3d, le design, la création de sites et leur mise en page….il s’agit dès lors d’une évolution du graphiste. Ce dernier repose beaucoup plus sur les techniques artistiques plus classiques comme le dessin, le croquis…. » souligne-t-il. Pour être up to date, il faut selon lui assurer « une veille permanente sur les mises à jour des logiciels, et sur les nouveaux soft qui déboulent sur le net. Sans négliger les forums spécialisés, qui constituent une source inépuisable de conseils et d’astuces qui peuvent énormément aider».


Formations

Question formations, les établissements étatiques proposant la spécialité multimédia sont nombreux. On peut notamment citer : l’institut supérieur des études technologiques de la Charguia (isetch) , l’école des arts et métiers de Denden, l’institut supérieur d’informatique et de multimédia de Sfax (ISIMS), l’Institut Supérieur d’Informatique et de Multimédia de Gabès, sans oublier l’ISAMM, l’Institut Supérieur Arts Multimédia de Manouba … Les écoles privées sont encore plus nombreuses, et proposent souvent des formations à la carte, plus courtes et plus flexibles pour ceux qui désirent se recycler. Sinon les autodidactes sont nombreux, certains arrivent même à un certain niveau d’expertise sur les logiciels incontournables comme Photoshop, ImageReady , Dreamweaver et Flash. Sans parler de la ribambelle de programmes créés à un rythme quasi-quotidien et dont le web est prodigue.


Question salaires

Reste à évoquer la question des revenus, pour ceux qui ont préféré opter pour un poste de salarié au sein d’une entreprise de la place. La grille des salaires pour un poste de webdesigner dépend d’abord de l’entreprise et de l’expérience acquise. Dans la plupart des sociétés, les salaires se situent dans une fourchette de 300 à 500 dinars. Mais au sein de grandes entreprises spécialisées dans le secteur de la publicité ou de la communication, les salaires varient entre 500 et 1200dt, voire même plus, pour certaines entreprises offshores…

Quant aux perspectives d’avenir, Sami Ben Charrada nous fait remarquer que « la communication visuelle a carrément explosé depuis ces dix dernières années et quelle est devenue une industrie à part entière. Il n ya qu’à voir les agences de pub dont le nombre ne cesse de s’accroitre à travers le monde, ainsi que les médias, les journaux people…..ajoutez à cela les innombrables progrès technologiques relatifs aux outils de développement et de création sur le net.»

L’indépendance se paye

Walid, lui, qui a préféré exercé la profession en tant qu’indépendant, est plus mesuré : « Le ticket d’entrée pour ce genre d’activités est plutôt bon marché. Un ordinateur, un scanner, une connexion internet, et le tour est joué. Au final, de quoi monter sa propre entreprise dans sa chambre, pour à peine 1500 dinars. Très tôt familiarisés avec les suites logicielles dédiées au graphisme, de plus en plus de jeunes Tunisiens optent pour le webdesign, à défaut de trouver mieux. Mais parfois, la désillusion est aussi au rendez-vous. Parce qu’en somme, le métier a les défauts de ses qualités. S’il reste accessible à une majorité de jeunes pour peu qu’ils soient assez créatifs et passionnés, la concurrence ne fait que s’exacerber du fait même du nombre grandissant des candidats. Et certains sites web sont parfois réalisés pour à peine 200 dinars ». Si la qualité n’est pas nécessairement au rendez-vous, la pression à la baisse sur les prix de nos prestations est énorme ».

Samy Ben Naceur

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