Film Silentium / Galb Hjar de Nidhal Chatta : le silence qui parle, la souffrance d’une société qui s’expose
Le silence est d’or, mais parfois il est lâche, corrompu et coupable, complice de ce qu’il cache… Cette citation du rappeur français Kry James, trouve sa place dans le dernier opus du réalisateur Tunisien Nidhal Chatta, le film Silentium (silence en latin), titré coeur de pierre en dialecte local.
Ce film Tunisien réunit un casting composé de nouveaux visages à l’instar de Rym Hayouni, en plus d’acteurs confirmés qui arrivent à surprendre dans un nouveau registre comme Mohamed Dahech, Lamine Belkhodja, Abdelmonem Chouayet et Oumaima Bahri. Lotfi Abdelli marque ce long-métrage avec une participation spéciale.
Dans Silentium, on est amené à suivre l’histoire de Malak, une jeune femme qui réside seule dans une ancienne villa délabrée datant de l’époque coloniale, et qui est divisée en plusieurs chambres aménagées. Chaque chambre cache un univers singulier, souvent centré autour de femmes marquées par leur destinée, ou piégées dans leur environnement.
Malgré la présence de la mer, le film qui s’ouvre sur un récit de viol, impose dès le début une ambiance étouffante et claustrophobe. Il invite à découvrir le quotidien d’un concierge rigide et violent, une mère célibataire stigmatisée, une femme muette victime de violences conjugales, une femme noire confrontée au racisme, et un homme homosexuel constamment moqué.
Les vies des personnages voisins s’entremêlent pour exposer un microcosme dont le point commun est la souffrance et l’incompréhension. Ces derniers sont épiés, jugés et subissent la violence sociale dans un silence méprisant.
Le long-métrage ne manque pas de quelques passages doux. Une solidarité qui se créé entre les victimes et une entraide qui témoigne d’un désir commun de changer les choses et ne plus se taire face aux abus de tout genre.
Le film trouve son essence dans un fait divers qui s’est déroulé dans les années 90. A partir de cela le réalisateur Nidhal Chatta et son scénariste Sophia Haoues, avec qui il a co-écrit le film Mustafa Z (2017), s’inspirent pour construire un monde autour de ce qui aurait pu être la vie de la victime et comment elle gère le traumatisme qu’elle a vécu.
Oscillant entre la suggestion et la démonstration brute, le long-métrage tourné trois ans auparavant, a subi plusieurs transformations avant de dégager une version politiquement correcte, et qui pourrait être projetée dans nos salles de cinéma.
Néanmoins, il a le mérite d’exposer les non-dits dans une société qui se voile constamment la face. Et pour cela, nul besoin d’avoir recours à de longs dialogues, le silence parle de lui-même et les regards, sur lesquels la caméra se focalise souvent, traduisent des milliers de mots…
A travers, le film Cœur de Pierre, le spectateur est invité à interpréter les silences d’une société en plein mutation et à explorer le pouvoir des valeurs humaines comme l’amitié, la tolérance et la résilience, face à des réalités plus sombres : soumission, exclusion, et diverses formes de violences physiques, psychologiques ou symboliques.
Nidhal Chatta propose un regard poétique et brutal à la fois, où l’espoir et la lutte pour la dignité persistent malgré la dureté du quotidien. Le Film Silentium / Galb Hjar est à découvrir dans les salles de cinéma de Tunisie dès le 23 avril 2025.
Sara Tanit
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